Burkina : « J’invite tous les citoyens à donner une opportunité à la paix »,
Burkina : « J’invite tous les citoyens à donner une opportunité à la paix », pasteur Robert Osei-Bonsu
Publié le mercredi 24 juillet 2024 à 21h45min
[Photo - Lefaso.net: Pasteur Robert Osei-Bonsu]
Dans le cadre de sa tournée annuelle au sein des différentes représentations de l’Église adventiste du septième jour, pour apprécier l’évolution des activités, pasteur Robert Osei-Bonsu a accordé une interview à Lefaso.net. C’était le mardi 16 juillet 2024, à Ouagadougou. Élu président de la Division des églises adventistes du septième jour de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, en juin 2022, le Pr Robert Osei-Bonsu lance un appel à la paix et à l’unité. Il estime que le Burkina Faso doit favoriser le dialogue pour parvenir à la paix. « J’invite tous les citoyens à donner une opportunité à la paix, en collaborant et travaillant ensemble », a-t-il suggéré.
Lefaso.net : Quel est le but de votre visite au Burkina Faso ?
Pr Robert Osei-Bonsu : Cette visite est une visite pastorale. Nous sommes venus pour voir ce que font nos membres de l’Église adventiste du septième jour, comment ils se portent, et comment est-ce que les activités de l’église se déroulent sur le territoire du Burkina Faso. L’Église adventiste du septième jour est un mouvement mondial. Elle est établie dans pratiquement tous les pays reconnus par les nations unies.
L’église est subdivisée en dix unions à travers les différents États dans lesquels elle est installée. Le Burkina Faso appartient au territoire de l’Union mission de l’est du Sahel. Notre présence au Burkina Faso, est l’occasion pour exhorter davantage nos membres à être de bons citoyens qui participent au développement.
Nous avons dans le pays, une représentation de l’Agence adventiste de développement et de secours (ADRA). Cette institution est appelée à améliorer la vie sociale de la communauté et le bureau installé dans le pays abat un excellent travail au regard des missions qui lui sont confiées.
Comment envisagez-vous de renforcer les activités et la présence de l’Église adventiste du septième jour au Burkina Faso ?
Nous avons besoin de croître. Car la présence de l’Église adventiste n’est pas si visible dans les pays francophones. Nous faisons de notre mieux pour y renforcer notre présence. Nous allons utiliser plusieurs réseaux sociaux et initier plusieurs interventions sociales pour que l’église soit connue. Nous allons rencontrer nos leaders des églises adventistes, de nos universités, lycées et écoles primaires, de nos centres de santé, et les responsables d’ADRA, pour comprendre les défis et les opportunités spécifiques que rencontrent nos fidèles afin de pouvoir les soutenir efficacement. Cette visite est d’une grande importance parce que nous sommes en train de mettre en œuvre notre plan stratégique 2025-2030.
Notre passage au Burkina Faso, va donc nous permettre d’apprécier toutes les activités de l’Église adventiste du septième jour qui y sont menées. Cela va contribuer à fournir des orientations stratégiques pour renforcer notre mission.
Comment les initiatives de l’Église adventiste contribuent-elles au développement social et économique des communautés locales ?
L’Église adventiste met en œuvre diverses initiatives qui ont un impact significatif sur le développement social et économique. À travers les initiatives de ADRA par exemple, nous plantons des arbres, fournissons des semences et des soutiens financiers aux cultivateurs pour mener leurs activités agricoles. Ce qui concourt à l’amélioration de leurs conditions de vie. Nous apportons aussi une assistance aux personnes déplacées internes et les aidons à pouvoir mener des activités génératrices de revenus. Nous réalisons aussi des forages pour des communautés qui en ont besoin.
[Photo - Lefaso.net : Pr Robert Osei-Bonsu entouré de ses plus proches collaborateurs dont pasteur Adjéoda Simon Djossou (à droite) et pasteur Ben Issouf Ouédraogo (à gauche)]
Nos écoles contribuent à accroître l’offre et la qualité de l’éducation au Burkina Faso. C’est la même chose pour nos centres de santé. Nous possédons un espace aménagé pour l’agriculture, et un centre destiné à former les gens aux techniques de cultures saisonnières et de contre saison.
Quel est votre principal message à l’endroit du Burkina Faso lors de cette visite ?
C’est vraiment triste d’être une personne déplacée dans son propre pays du fait d’une crise sécuritaire. Parce que nous aspirons tous à la paix. Cela rend encore triste de savoir que ceux qui sont à l’origine de cette crise sont aussi des fils de ce pays. Nous lançons par conséquent un appel à la paix et à l’unité. J’ai appris que le Burkina Faso s’appelle “le pays des hommes intègres’’. Nous devons de ce fait vivre le nom que nous portons. Si nous avons des problèmes entre nous, nous devons nous asseoir et dialoguer.
Nous devons favoriser le dialogue. Car la guerre retarde le développement d’un pays et impacte négativement sa jeunesse. Investissons pour améliorer les conditions de vie des populations. Il y a une variété de ressources naturelles à exploiter pour amorcer le développement au Burkina Faso. J’invite tous les citoyens à donner une opportunité à la paix, en collaborant et travaillant ensemble. Car la paix est très importante. Parce qu’elle permet d’investir le peu que l’on a sans crainte.
Nous ne connaissons pas encore un pays qui a connu une croissance pendant la guerre. Alors donnons une chance au dialogue pour construire une belle et prospère nation. Mon principal message aux fidèles adventistes du Burkina Faso est un message d’espoir et d’unité. Je les encourage à rester fermes dans leur foi, à travailler ensemble pour le bien commun et à être des ambassadeurs de la paix et de l’amour dans leurs communautés. Ensemble, nous pouvons surmonter les défis et bâtir une société plus juste et prospère.
Comment l’Église Adventiste peut-elle contribuer à la promotion de la paix et de l’unité au sein des communautés locales ?
L’Église adventiste joue un rôle clé dans la promotion de la paix et de l’unité en étant un modèle de tolérance et de compréhension. Nous organisons régulièrement des forums sur la paix et des ateliers de médiation qui encouragent le dialogue et la résolution pacifique des conflits. Nous demandons toujours à nos membres de ne jamais s’impliquer dans des choses qui pourraient contribuer à mettre un frein au développement du pays. En prônant des valeurs de respect et de solidarité, nous pouvons aider à tisser des liens plus forts entre les différentes communautés.
Car s’il n’y a pas de paix dans le pays, nous ne pouvons ni aller à l’église ni au travail. C’est pourquoi nous enseignons à nos membres à être de bons citoyens.
Pouvez-vous partager quelques exemples d’initiatives réussies de l’Église Adventiste en matière de promotion de la paix qui pourraient être appliquées au Burkina Faso ?
Nous avons une grande présence au Rwanda. Durant la guerre civile qui a opposé les deux ethnies (Hutu et Tutsi), nous avons fait l’effort d’être neutres dans cette crise. Même si nous avons appris plus tard, que certains de nos membres étaient impliqués dans le conflit. Aujourd’hui, à travers les enseignements que nous donnons, le soutien de la réconciliation initié par les autorités rwandaises, et nos séminaires sur la paix, nous inculquons aux populations, la culture de la non-violence, et invitons les uns et les autres au dialogue pour une réconciliation véritable. Et nous accompagnons les initiatives du gouvernement en matière de réconciliation.
[Photo - Lefaso.net : « L’Église adventiste du septième jour compte plus de vingt-deux millions de membres dans le monde », pasteur Pr Robert Osei-Bonsu, président de la Division des églises adventistes du 7e jour de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.]
Si vous vous rendez au Rwanda, vous constaterez que l’Église adventiste du septième jour est très respectée. Nous avons plus d’un million de membres dans le pays. Nous y avons construit des universités, des écoles primaires et d’infirmerie. Nous avons aussi une université de la santé qui collabore avec le gouvernement. Appréciant le rôle que l’Église adventiste joue dans le développement du pays, le gouvernement a offert une école de formation sanitaire.
Tout ce que nous pouvons faire en partenariat avec le gouvernement pour la promotion de la paix, et utiliser ce que nous avons à cet effet, nous sommes prêts à nous y engager. À l’orée des élections au Ghana, nous tenons des forums sur la paix
Quel est votre vision pour les jeunes dans l’avenir de l’église et du développement communautaire ?
Ma vision pour les jeunes est qu’ils deviennent des leaders dynamiques et engagés, tant au sein de l’église que dans la société. Il va s’agir de les former en entrepreneuriat. Comme nous l’avons expérimenté au Ghana cette année, nous avons une équipe qui a formé les étudiants dans plusieurs secteurs d’activités pour leur permettre de créer leurs propres entreprises. Nous ne voulons pas que les étudiants continuent de dépendre du gouvernement après leurs études. À la fin des formations que nous leur dispensons, nous les recommandons aux différentes organisations qui sont susceptibles de pourvoir financer leurs projets.
Nous montrons en effet, à ces jeunes comment monter un projet et comment être exonéré des taxes pendant le démarrage de leurs activités. Nous prévoyons de dispenser ce type de formation dans chaque Union dès l’année prochaine.
L’autre domaine auquel nous voulons nous attaquer, est le développement et le leadership des jeunes. Nous voulons former nos jeunes à être de bons leaders. Le défi que nous avons dans notre société, c’est le manque de moralité. Si nos jeunes sont dotés de qualités morales en menant une vie de pudeur, il y aura des changements dans la société.
Aujourd’hui, tout le monde parle de votre président. Nous ne vivons pas au Burkina Faso, mais à travers ce que nous entendons, son leadership est exemplaire. Il utilise sa propre voiture, au lieu de prendre l’argent du peuple pour construire une grande maison. Il finance l’agriculture. Si tout cela est vrai, ce sont des qualités que nous espérons retrouver chez les jeunes.
On parle de ce que Thomas Sankara a fait dans le passé, et nous entendons dire que l’actuel président est aussi en train de faire la même chose. Ce sont ces genres de personnes que nous recherchons. À l’image de la définition du Burkina Faso, nous devons montrer que nous sommes un pays des hommes intègres. Chacun d’entre nous doit être vu comme des personnes nobles.
Interview réalisé par Hamed Nanéma,
Lefaso.net
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